Qui dit fin d’année dit calcul du bilan carbone ! Depuis 2 ans, je calcule mon bilan carbone pour estimer mes émissions de CO2. Cette année j’ai décidé de le publier pour continuer mes actions de sensibilisation.
Calcul et analyse de mon bilan carbone
Pour réaliser ce bilan carbone, j’ai utilisé le site de l’ADEME (Nos Gestes Climat). Le questionnaire dure 15 minutes et permet d’obtenir un ordre de grandeur de son empreinte. Vous aussi, faites-le !
En 2023, mon bilan carbone est donc de 8,3 tonnes de CO2 équivalent. Un bilan dans la moyenne des français (selon la dernière publication de l’ADEME sur le sujet) mais largement supérieur à celui de 2022 (+3To).

Les transports : il faut arrêter de prendre l’avion !
En 2023, j’ai beaucoup voyagé à travers l’Europe et j’ai donc continué de prendre l’avion. Ceci explique la place des transports dans mon bilan carbone. Ils représentent environ 42% de mon empreinte et l’avion est mon premier poste émetteur avec 2 250kg CO2-eq. Le verdict est sans appel.

Pourtant à partir de février/mars 2023, j’ai décidé de ne plus prendre l’avion et de rentrer en France, sauf que comme tout, les choses prennent du temps. Pour passer de la paroles aux actes il a fallu quelques mois. En mai 2023, j’arrêtais définitivement “les conneries” et je m’installais dans le sud de la France.
Ciao l’avion, mais bonjour la voiture. En l’espace de 7 mois, la voiture est devenue mon troisième poste d’émission après la nourriture avec 1 250kg CO2-eq émis. J’ai parcouru 12 000km (6 000km/personne car deux conducteurs). Et je n’ai pas l’impression d’avoir roulé tant que ça.
J’ai également pris le train un nombre de fois incalculable (et pour faire parfois de grandes traversées : Sud-Est > Bretagne), mais l’impact est si bas que j’en tire une conclusion simple : quand il est possible de prendre le train, il faut le prendre absolument.
L’alimentation : encore un effort à faire sur la viande

Après l’avion (transports), c’est l’alimentation et précisément les repas qui constituent mon deuxième poste d’émissions carbone. Je suis flexitarien. En gros, je n’achète jamais de viande ou de poisson quand je mange chez moi (et c’est quasiment le cas tous les jours), mais lorsque je mange ailleurs, c’est plus difficile :
- Chez les amis ou la famille, je n’arrive pas à dire non de peur de vexer et je continue de manger de la viande s’il n’y a pas d’autres alternatives.
- Au resto, si l’option végétarienne existe je la prends, sauf certains cas où l’envie de goûter un bon plat me fait “craquer”.
Je ne me sens pas frustré de manger moins de viande, mais je me sens coupable d’en manger encore trop. Ce n’est pas grave, mais je constate que manger selon ses valeurs et idéaux, c’est pas si simple. Encore une fois, l’objectif n’est pas d’arrêter totalement la viande mais de réduire sa consommation ; la tendance en France est par ailleurs à la baisse.
Les autres postes d’émission et ordres de grandeur
Il est difficile d’agir sur les autres postes d’émission car ils ne dépendent pas que de nous.

Pour le logement par exemple, si vous êtes en location, vous ne pouvez pas obliger votre propriétaire à isoler son logement.
Les services publics, c’est une base commune à tous et toutes, on ne peut rien faire, l’état est censé rénover les bâtiments des services publics, mais on attend encore la volonté avérée du gouvernement en la matière (coucou Dernière Rénovation !).
Dans Divers sont classés les loisirs, électroniques, vêtements, etc. Je suis relativement bas dans la mesure où je n’achète plus vraiment d’équipement électroniques, ni d’habits ou si je le fais c’est en grande partie d’occasion ou de seconde main. Il y a peut-être encore une marge de manoeuvre mais celle-ci ne changerait pas la donne vu les ordres de grandeurs !
Les ordres de grandeur justement, il faut les garder en tête. Sur ce bilan, les conclusions sont claires : si je souhaite réduire mon empreinte carbone l’année prochaine, il vaut mieux que j’arrête de prendre l’avion (2 250kg CO2-eq) plutôt que je trie davantage mes déchets (170kg CO2-eq). Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire davantage, mais les ordres de grandeur permettent justement de choisir ses combats de manière efficiente.
Conclusions :
- Arrêter l’avion
- Prendre le train plutôt que la voiture quand c’est possible
- Réduire encore un peu la consommation de viande
Aller au-delà des émissions de CO2 repenser notre rapport au vivant et aux espaces naturels.
Je pense qu’une grande partie de mes émissions de CO2 est liée à ma pratique sportive sur l’année 2023. Elle a été particulièrement intense et m’a fait bouger pas mal. Mais au-delà de la question des émissions de CO2, j’ai également pris de recul sur ma relation au sport et à son impact. J’ai l’impression d’être passé d’une posture “performance” à une posture “plaisir-nature”. J’ai appris à comprendre l’impact des courses de trail en montagne, la place du capitalisme et de la marchandisation dans l’univers du sport (qui plus est encore plus dans l’univers du trail qui est en train de devenir un sport de plus en plus “marketing” au fil des mois et des années), la philosophie des athlètes pro et leur quête de la performance pour certains et de préservation de la nature et de sa richesse pour d’autres, etc. Les polémiques autour de l’UTMB, l’impact des IronMan ou encore la découverte du podcast Vent Debout m’ont permis de questionner le rapport aux espaces naturels et à la pratique sportive dans son ensemble.
Alors, certains me diront : “Mais tu ne te prends pas la tête à réfléchir à ton impact sur tout ce que tu fais ?”. Je leur répondrais que le problème réside justement dans le fait que tout ce qu’on fait a un impact. Je cherche à le limiter et à redessiner une nouvelle vision qui concilie plaisir et changement de paradigme.
Alors bien plus que les chiffres ou l’analyse de chaque fait et geste, cette année aura été riche en enseignement, analyse et réflexion. Et je crois que c’est le plus important. Pour rappel, même s’il est discutable (voir pourquoi ici), à l’horizon 2050, notre empreinte carbone individuelle est censée se stabiliser autour de 2To/CO2-eq par personne pour respecter la limite planétaire “Réchauffement climatique”. Il y a encore du chemin, mais il est désormais tant d’accélérer la baisse de nos émissions sans quoi nous seront contraints de changer drastiquement de mode de vie. Et c’est le “drastiquement” qui est dangereux. Les habitudes sont difficiles à changer, notamment lorsqu’elles sont culturellement intégrées. Alors pour éviter de devoir tout changer d’un coup quand on n’aura plus le choix, autant faire sa “transition” et revoir notre rapport au vivant, à la biodiversité pour apprendre à vivre heureux et sobrement.
Pour aller plus loin
Début 2023, j’ai atteint une dissonance cognitive si grande que j’ai décidé de passer de “digital nomad à Fresqueur pour le climat“. C’est un peu réducteur dit comme ça, mais je résume souvent les choses de cette manière pour illustrer le changement de cap que j’ai opéré. Je trouve désormais délirant de partir travailler à l’autre bout du monde pour 10 jours ou de faire un week-end city-break à Lisbonne. Au-delà du fait que je trouve ça délirant, c’est le genre de chose qui ne me donne plus envie. C’est fou comment, lorsqu’on prend le temps de comprendre et d’analyser, notre regard sur une situation peut changer du tout au tout. J’explique encore plus en profondeur mon d’éveil écologique dans cette série d’articles :
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