Cela fait longtemps que je n’avais pas pris le temps de parler à nouveau du monde du trail qui évolue peu à peu – mais encore trop lentement face à la machine de marchandisation du sport à l’oeuvre depuis des années. La saison étant terminée, c’est un très bon moment pour réfléchir à nouveau à tout ça avant que tout redémarre (pas comme avant !?) en 2025.
En janvier 2024, j’expliquais ici à quel point le débat lancé par Killian Jornet (malgré lui) de boycotter l’UTMB était sain. Le raz de marée dans le monde du trail avait été immédiat et avait eu le mérite de poser les bonnes questions : qu’est-ce qu’on fait pour préserver les sentiers que l’on foule de nos pas chaque saison ? Quels choix fait-on ? Quels décisions prenons-nous ? Comment on change notre vision des séjours à la montagne ?
Cette année a été particulière dans le monde du trail et du sport en général. Déjà, parce qu’on a vécu une année olympique où le sport a été à l’honneur partout. Dans l’univers du trail, les choses ont évolué d’un cran cette année – et même si cela semble être une goutte d’eau. Raison de plus pour en parler haut et fort.
- Killian Jornet nous a à nouveau surpris en lançant son expédition Alpine Connections (82 sommets de plus de 4000m à travers les Alpes) et en a profité pour parler de biodiversité, des glaciers et de l’impact de l’homme sur la montagne, avec sa fondation.
- Xavier Thévenard a été membre de la cohorte “Sport 4 future” 2024, un événement qui embarque des sportifs dans un séjour en montagne pour identifier les enjeux du climat grâce à des experts et scientifiques.
- Le Marathon du Mont-Blanc a fait fort et a tenu bon : après avoir calculé leur bilan carbone, ils se sont aperçu que 96% de celui-ci est lié au transport des participants. Ils ont donc décidé de mettre en vente 40% de leurs dossards pour celles et ceux qui viendront en transport en commun, évitant ainsi le tirage au sort.
- Vincent Bouillard, vainqueur de l’UMTB 2024, vient de sortir du bois en postant dès son premier post Instagram la question de l’évolution du trail face au défi de la justice climatique et sociale.
- La SkyRhune, au pays basque, a décidé de tirer le rideau après 10 ans d’existence pour dire non au “trail business”
Et il y a eu un paquet d’événements / initiatives dans ce style cette année.
De mon côté le bilan 2024 est sans appel :
- Comme je me l’étais fixé, j’ai participé à des courses de trail moins grandes, moins loin. En revanche, cette année j’ai réalisé 5 courses organisées, dont un ultra (et un marathon).
- J’ai pris moins de plaisir à être sur les sentiers par moment.
- Le rituel des courses ne fait plus sens : on achète son dossard, on court, on repart. Cette logique consumériste nous désensibilise des territoires de montagne. On ne connaît pas grand chose de la région où l’on court, on ne comprend pas vraiment les enjeux des massifs que l’on traverse et la performance prend trop de place à mon goût.
🎦 C’est précisément cette 3ème réflexion qui m’a donné une idée de film de montagne. Pour tenter de le réaliser, j’ai répondu à l’appel à projet de film du Xplore Alpes Festival et France 3 cet été. Puis, à l’automne, je suis allé en Savoie pour pitcher le film, mais je n’ai malheureusement pas été retenu. Si vous souhaitez lire le projet de film c’est par ici.
Pour 2025 donc, je souhaite aller plus loin et faire encore évoluer mes pratiques :
- J’arrête les (grandes) courses de trail organisées. Pour de bon.
- Je vais continuer à passer du temps en montagne, mais en créant des aventures itinérantes en autonomie, loin de la foule (aussi parce que j’adore organiser les sorties !)
- Je vais me former : je me suis inscrit dans un Club Alpin Français avec l’envie de diversifier mes pratiques mais aussi me former pour à terme encadrer et sensibiliser autour des enjeux de la montagne.
- Je souhaite documenter mes aventures pour continuer à parler des enjeux de préservation de la nature.
- Je ne m’interdirai pas de participer à certaines courses de trail organisées mais les critères seront les suivants : participants ≤ 300 coureurs, accessible en mobilité douce ou transport en commun (covoiturage y compris) avec une priorité aux courses locales.
- Je refuserai tous les goodies des courses (#NoPlasticInMyTrail)
Je suis content de continuer à faire évoluer ma pratique et d’élargir ma vision de la montagne.
J’ai également quelques projets en tête pour aller encore plus loin sur la partie sensibilisation et j’espère pouvoir les concrétiser en 2025.
Bonne route sur les sentiers et en montagne, soyez prudents !
Bonne initiative …Viens sur la Transpy