Par où commencer… décrire 26h de course en haute montagne n’est pas simple !
Je suis évidemment très fier et heureux d’avoir fini cette aventure en un seul morceau et sans aucun pépin physique ! C’est le signe que la préparation a été efficace.
Le mot qui me vient en tête quand je pense à cette course c’est « immensité ». Les massifs autour du Mont-Blanc sont gigantesques et la difficulté des sentiers montre à quel point la montagne est un environnement parfois difficilement accessible, exigent et dangereux. On se sent vraiment tout petit, ça force l’humilité.
Les paysages étaient grandioses. Le parcours nous a permis d’observer le Mont-Blanc (côté italien) pendant près d’une dizaine d’heures, sous différents angles. Dès le lever de soleil, après la première nuit, les lueurs dorées sur les sommets enneigés nous ont offert un spectacle à couper le souffle.
La neige était présente dès 2000m d’altitude, l’eau ruisselait partout, la végétation était très verte. La nature était vraiment pleine de vie !
Pour ce qui est du déroulé de la course, le départ à 22h a rendu le début de course épique, dans la nuit, à la frontale. Le parcours se dessinait au loin dans les montagnes grâce aux premiers coureurs, partis devant.
Jusqu’à 3h30, il a fallu lutter contre le sommeil mais les premières lueurs du jour vers 4h30 m’ont réveillé et redonné de l’énergie.
Samedi, à 9h30, on avait déjà avalé 50km et physiquement j’étais vraiment très bien. Puis à partir du 60ème km les choses se sont compliquées. Après presque déjà 14h sur les sentiers, les ascensions ont été de plus en plus difficiles, avec un souffle coupé et des tournis réguliers. Les descentes étaient plus faciles à gérer mais chaque nouveau pas en direction d’un nouveau col ou sommet était un supplice.
Les ravitaillements nous ont redonné de la fraîcheur dans les jambes mais surtout dans la tête. Car cette course aura finalement été un immense défi psychologique.
Chasser les pensées négatives, quand ça va pas, c’est très dur.
Heureusement avec Maxime on ne s’est pas lâché d’une semelle. On s’est ouvert la voie à tour de rôle. Sans lui j’aurais sûrement abandonné, alors merci d’avoir été là
Au total, on se sera quand même offert deux petites siestes de 15 minutes. Et c’était pas du luxe. D’ailleurs, c’est une expérience assez incroyable de voir la capacité du corps à se régénérer aussi rapidement.
Samedi soir, la nuit retombe, il reste une vingtaine de kilomètres, mais 5h à 6h passer en montagne car, à ce stade, la cadence est lente, très lente. Le parcours nous relance sur un nouveau col, la lumière du jour s’estompe, le froid s’intensifie, on ressort les frontales et on s’enfonce au font d’une nouvelle vallée dans la nuit.
La lune nous surveille et les étoiles brillent mais à ce stade, difficile d’apprécier… d’autant que les hallucinations démarrent : un tronc devenait d’un coup un gros chat, un cailloux par terre se transformait en une tête de bonhomme pas sympa. Le cerveau nous joue des tours, il faut rester lucide alors que les dix derniers kilomètres sont exigeants, avec des passages techniques et escarpés…
On termine finalement cette course dans la nuit à la frontale, comme au départ. Après plus de 26h sur les sentiers, la boucle est bouclée. Le défi est relevé.
Cette aventure m’aura amené au bout de moi-même.
Merci à l’organisation, c’est toujours un plaisir de voir l’implication des bénévoles sur les courses, leur soutien et leur sympathie sont aussi ce qui nous fait tenir et revenir sur les sentiers.