Avec le trail, le temps n’existe plus.
La course à pied a quelque chose de l’ordre de la surenchère. La plupart des gens cherchent la performance, je l’ai moi-même vécu à un période où je cherchais à battre des records de temps sur des distances précises. Aller chercher un 5:00/km, 4:00/km voire 3:00/km, mais à quoi bon ?
Avec le trail, je ne me perds pas seulement dans les sentiers escarpés, je me perds aussi dans le temps. Je perds cette notion dont nous sommes soumis au quotidien. J’ai l’impression que plus rien n’existe. Avec le trail, je perds tout sauf mon temps. Parfois, je rentre d’un entraînement, j’ai couru 2 ou 3 heures et j’ai l’impression d’être parti 15 minutes mais de revenir entier, satisfait. Le temps devient élastique et n’a plus la même signification. Les référentiels sont brouillés.
C’est aussi des moments privilégiés de se retrouver seul avec soi-même. Pendant mes sorties longues, je refais le monde, je prends du recul sur les choses de la vie. Dis comme cela, ça peut paraître absurde mais c’est vraiment ce qu’il se passe dans ma tête.
En début de sortie, en revanche, c’est toujours un sentiment de plaisir coupable qui domine. Je m’extrais de mon quotidien, de ma routine, j’ai l’impression de faire quelque chose d’interdit, d’être totalement libre. Cela me fait d’ailleurs penser, qu’étant petit, je partais en vadrouille des après-midis entiers, à travers les champs, les forêts et les chemins de la montagne auvergnate. Je faisais déjà du trail en 1999, sans le savoir.
Aujourd’hui, mes itinéraires sont plus planifiés – pour des raisons logistiques et de sécurité – mais parfois elles le sont moins et mes sorties trail se transforment en exploration. Quelques fois, c’est génial, d’autres fois, c’est plus compliqué, je me retrouve dans des galères. Quand on ne connaît pas bien le terrain, c’est un équilibre à trouver, un risque à prendre. Mais à la fin toujours le sentiment d’avoir profité pleinement du temps passé sur les chemins.